Capitalisme, tu précipite toi-même ta fin

Publié le par Pivot

Par delà le titre par trop prophétique de cet article, cette réflexion n'est pas le fruit de groupuscules d'extrème-gauche autoconvaincus. Certes, cette idée fait partie de l'argumentaire de certains d'entre eux, mais le premier, à ma connaissance, qui l'a exprimée n'était ni coco, ni anarcho-syndicaliste, ni même de gauche, et avait même une furieuse tendance à soutenir le système capitaliste. A. Schumpeter, économiste hétérodoxe autrichien de la première moitié du 20ème siècle, refusait de penser en terme d'école économique : ni libérale, ni étatiste. Il pensait différament, plus justement sans doute, puisqu'il n'était par préderminé par des schémas préconcus. Il a ainsi mis en valeur le cycle de l'inovation, ceux des croissances-décroissances.

Vers la fin de sa vie, après son installation aux Etats-Unis et la fin de la World War Two, ce capitaliste convaincu prédisait la chute du capitalisme, victime de lui-même. Il prévoyait que les marchés iraient trop loin, que le capitalisme d'homme, encore cohérents (le patron ou l'entrepreneur qui défend ses propres subsides) cèderait la place à un capitalisme plus bureaucratisé.

Or aujourd'hui, que voit-on ? Des multinationales qui appartiennent à des banques, des fonds de pension, qui répartisent ensuite les bénéfices flagrants entre bénéficiaires de contrats-portefeuilles boursiers. Le lien est si lointain que le retraité qui cotise dans un fond privé ne sait pas quelle action on lui fait posséder. Le marché est désormais un monde à part, servis par des hommes qui travaillent à corps perdus pour des entités impersonnelles. L'entité s'en fout de la misère, elle ne peut être touché par des arguments humains. Et l'employé peut déplorer tous les malheurs qui s'ensuivent, il applique néanmoins à la lettre les lois sélérates, sans pouvoir objecter quoi que ce soit à l'instance dirigeante, puisque celle-ci est vide de personalité, nouvelle divinité, Essence du Libéralisme.

Quelques exemples : devant la dérégulation des instances sociales, M. Machin, ouvrier en France, cotise dans un fond de pension. Il ne sait pas quelle action il possède par l'intermédiaire de la banque auprès de laquelle il a souscrit son plan-retraite. Il se peut très bien que cette banque, réclamant plus, toujours plus de dividendes, et possédant des actions de l'entreprises de M. Machin, pousse cette entreprise à un plan de licenciements. D'où délocalisation et chômage de M. Machin dans l'usine vient d'être fermée. Cet exemple est évidemment généralisateur, mais cette mésaventure (soyons soft) est arrivée à des locataires parisiens, entre autres, qui se sont fait virés de leurs appartements car leur portefeuille d'action géré par une banque trouvait les résultats trop faibles, car les loyers trop bas. Même chose quand on consomme dans les supermarchés qui oppressent les fournisseurs, provoquent du chômage.

A force de devenir un cercle expulsant peu à peu toute humanité, le néolibéralisme va toujours plus s'inscrire dans cette logique du résultat pour le résultat, ne profitant finalement à personne. La dernière logique similaire (l'église catholique de l'époque de l'éveil du protestantisme jusqu'à Vatican 2) a finit par s'effondrer. Soyons optimistes, le capitalisme va s'effondrer et nous vivrons tous dans les joies de l'équité ! Versant négatif, les hommes auront été trop cons pour préparer sa chute en douceur et vont se retrouver dans le chaos. Heu, pile ou face ?

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