Présidentielles 2007 : A ceux qui n'aime pas trop Bové (dont moi)

Publié le par Hubert

Je fais parti des Alternatifs Unitaires (la gauche de la gauche, celle du non à la constitution), qui n'étaient pâs très chaud pour la candidature de Bové en notre nom. Néenmoins, ce texte d'un militant dont nous ne savons que le prénom, Hubert, mérite immensément d'être publié.

Je vis entouré de chômeurs, de précaires et de petits revenus. Dans un milieu où le travail est difficile à trouver, ingrat, dur et mal payé. Où l’on connaît le poids du mépris. Dans un milieu où l’on sait le prix de l’alimentation et des objets de première nécessité. Où l’on sait trouver les premiers prix des supermarchés quand on ne va pas au resto du cœur ou à l’épicerie sociale approvisionnée par la Banque alimentaire. Où l’on se donne les tuyaux pour acheter ses vêtements, ou ceux des gosses, au poids ou à un euro pièce. Où l’on ne part pas en vacances. OÙ L’ON NE PART PAS EN VACANCES... comme la MOITIÉ des Français.


Chez nous, on ne vote pas. On hurle. On vote Le Pen. Comme on votera José Bové. Avec la honte en moins. Et une très grande fierté en plus.

Chez nous, on ne vote pas. On se tait. Les poings dans les poches et la rage mal contenue. On s’abstient. Bien plus souvent encore qu’on ne vote Le Pen. Comme des millions d’électeurs de gauche je n’ai pas voté depuis des années. A quoi bon choisir entre un "Mon programme n’est pas socialiste" couplé avec "L’État ne pas peut pas tout faire" et des candidatures de témoignage qui feront quelques pour cent ?

J’ai milité pour le NON. Pour une fois nous pouvions faire un véritable choix. Pour une fois notre vote pouvait peser sur le cours des choses. Combien ont retrouvé le chemin des urnes ce 29 mai ? Combien ont été heureux de ces réunions, de ces collages et de ces distributions de tracts, de ces discussions enfiévrées et de ce magnifique résultat. Ah oui ! Ça, on leur a mis au cul ! Et pas qu’un peu ! T’as vu ça ? 55% ! Une sacrée branlée ! Ce bonheur qui inondait nos vies difficiles ! L’espoir renaissait. L’espoir venait de changer de camp. Et ensuite la fureur de nos maîtres ! S’ils sont si furieux maintenant, c’est bien qu’un OUI les aurait encore servis.

José Bové n’est pas le candidat de mon choix. J’ai une autre préférence à titre personnel. Mais je suis un intellectuel bien frotté de culture élitiste. J’ai une vie plutôt confortable de classe moyenne. Mon opinion personnelle ne vaut rien du tout d’un point de vue électoral. Je me place maintenant du point de vue des gens pauvres. Je n’ai rien contre les candidats à la candidature de la gauche. Et même une grande estime pour la plupart. Mais ils ne savent pas parler à ceux pour qui la vie est une course de bête traquée. Ils ne savent pas parler aux petites gens. Ils n’ont pas les mots. Pas les ressorts. Pas la manière. Pas la gouaille et pas la fougue. Ils n’ont pas la langue directe, la langue populaire de José Bové. Cette langue que la diplomatie et les discussions entre gens cultivés n’a pas rabotée pour en enlever les aspérités. Ils ont tous cette onction ecclésiastique, oui tous, que n’a pas José Bové. Leur langue policée est reçue comme de la langue de bois et/ou comme la langue de nos maîtres.

La candidature de José Bové est la seule qui soulève l’enthousiasme des petites gens. Il est des nôtres. Cela ne s’explique pas. Cela se ressent. C’est viscéral. Si tu n’es pas capable de ressentir ça, tu ne peux pas ressentir non plus la bohème de Rimbaud, le soleil qui inonde les toiles de Vincent van Gogh, la déchirure du Chant de la terre de Mahler, les romans de Giono ou le poignant des chansons de Brel. Tu ne peux pas ressentir que José Bové touche le cœur des petites gens et c’est tout. Il n’y a rien à dire de plus.

Aux yeux des petites gens José Bové, lui seul, a mis en accord ses paroles, que l’on comprend, et ses actes au prix de la prison. Il est le seul candidat à avoir acquis cette légitimité indiscutable d’une opposition réelle. Il est, et de très loin, le meilleur de nos candidats à la candidature si ce que nous recherchons est le plus grand nombre de bulletins dans les urnes. Parce qu’il est le candidat du cœur pour tous les pauvres.

Il n’a pas la dégaine d’un président ? As-tu vu le louque de Chavez et de tous ces nouveaux présidents sud-américains ? C’est parce qu’ils n’avaient pas une cravate incarnée et un costard trois pièces dans le cerveau qu’ils ont été élus. Nous savions qu’ils étaient des nôtres. Ils n’avaient pas besoin de le dire : cela se voyait et se sentait. Avec les mains calleuses, le visage buriné, le verbe haut et franc. Et aussi cette totale absence de honte alors qu’ils n’ont pas le look mannequin de Besancenot, le joli minois d’Autain ou l’intelligence brillante et le savoir encyclopédique de Salesse. Des métis ou des indios. Tu te rends compte ? Nous avons élu des métis ou des indios ! Des sous-hommes comme nous qui n’ont le droit de vote que depuis peu ! Aux Pays-Bas Marijnissen, le leader du Socialistisch Partij, est un tribun aux larges épaules qui ne craint pas de dire qu’il est républicain et veut au moins que la famille royale soit imposée sur le revenu. Et ça passe dans un pays où plus de 90% sont attachés à la famille royale. Eh bien en France nous pouvons élire un moustachu qui ne courbe pas la tête quand il est menotté.

José Bové est le candidat des pauvres, des méprisés et des humiliés. José Bové est la fierté des pauvres. In English : the Poor Pride."

Hubert

(militant associatif)
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V
Oui, j\\\'avais beaucoup d\\\'espoir en José Bové. mais ceux qui font sa campagne ne sont pas tous de la même eau.  Et puis il a donné une image trop gentillette. Je suis triste de parler en terme d\\\'image, mais en terme de campagne "de fond" il est très difficile de trouver les idées de Bové quelque part. (pourquoi son bouquin n\\\'est-il pas en ligne ? pour les pauvres, ça aurait été bien).  Besancenot, dont je n\\\'aime guère le background fonctionnaire, est mille fois plus incisif.  Je l\\\'aurais bien vu en binôme avec Salesse, qui est très bon orateur.Moi qui trouvait choquant que les gens ne sachent pas pour qui voter - voilà que j\\\'hésite...
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