De la liberté annulée (mais surtout sans en avoir l'air)

Publié le par Samuel Pivot

Bienvenue. La République Française possède pour devise Liberté Egalité Fraternité. Si par Liberté certains comprennent Propriété ou Liberté d'entreprise, idée d'ailleurs sûrement contenue dans la formule, j'y vois aussi la Liberté dans une vie plus humaine et sociale. Or, et ce propos peut s'élargir à toutes nos structures occidentales, si rien n'est plus vrai de nos jours que la Liberté d'entreprendre, de commercer, de boursicoter, de licencier ou d'exploiter, l'autre Liberté, celle qui est primordiale si l'on met de côté l'économie et que l'on regarde seulement avec des yeux d'homme de tous les jours, la Liberté de conduire sa vie comme on le veut pour résumer, celle là est attaquée de plus en plus.

Commençons par l'argument facile et pourtant si vrai. La liberté conditionelle au matraquage médiatique et publicitaire ( cf. antipub.net ; ; www.casseursdepub.net ; www.bap.propagande.org/). Continuons avec deux exemples : le SDF et le malade incurable.

Le SDF, c'est celui qui a choisi de vivre dans la rue, tout le monde le sait. C'est vrai parfois, c'est souvent faux. Attachons nous à ce second cas, bien que, dans le fond, le premier relève de la même logique, à la seule différence qu'ayant choisi de ne pas bosser, il est sûr qu'il est juste qu'il assume les externalités négatives, comme on dit, de sa condition. "Je lui donne un sandwich mais pas des sous pasqu'il va encore se bourrer la gueule." Il y a quelque chose de profondément humiliant à être privé, comme un bambin, du droit au choix. C'est bien entendu très gentil de donner à manger, je ne renie la gentillesse (j'insiste sur ce mot) de ceux qui le font. Mais c'est priver l'homme de sa liberté. Celui qui donne le sandwich et non de l'argent décide pour autrui, joue à la dame patronesse, à celle "qui sait ce qui est bon pour le malheureux" alors qu'il n'a absolument pas les clés en mains pour juger le rôle de l'alcool. Vivre dans la rue n'est pas une partie de plaisir, c'est un euphémisme, c'est être rabaissé, humilié, exclu. Et si l'alcool peut aider à alléger un peu le fardeau, alors bois. Bois, c'est moi qui te l'offre, non parce que je suis gentil, mais parce que si j'ai de la chance, c'est automatique, comme manger et dormir, alors je dois faire ce qui est (facilement) en mon pouvoir pour te permettre de te redresser. Et si tu choisi de boire, je n'ai rien à dire et pas à te juger, puisque tu n'as pas trannsgressé les lois du vivre ensemble. C'est comme "On devrait les forcer à venir dormir dans les foyers quand il fait froid sinon ils vont mourir", même si ça pue, même si on ne supporte pas la promiscuité, même si, parfois, on pense que la mort ne sera qu'une fin de la longue souffrance...

Ce qui nous ammène à la Liberté de mourir. Vivre peut être merveilleux comme horrible. Comme on peut difficilement demander l'avis des intéressés avant qu'ils ne viennent au monde, la Liberté de mourir devrait être une des libertés fondamentales inscrite au fronton de toutes sortes d'institions. Or il est puni par la loi de ne pas se porter au secour de quelqun qui tente de se suicider, même si ce n'et pas un appel au secours mais bien une tentative finale. Or, quand un agonisant physiquement handicapé est multisouffrant, il n'y toujours que les Pays Bas pour accepter, de façon draconienne, que celui-ci puisse mourir médicalement assisté. Si l'on a pas la Liberté pour sa vie, quelle liberté peut-on escompter avoir ?

Publié dans La colère ordinaire

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