Le feu dans les banlieux, non mais oui, oui mais non ?

Publié le par Pivot

L'Hexagone et sa racaille, fable à la morale ambigue.

 

Nos banlieux brûlent. Nos. Comme si le fils des classes moyennes supèrieures que je suis connaissait les banlieux françaises, comme si elles appartenaient à mon espace vécu. A part quelques concerts et quelques courses de temps à autre, la banlieue réelle m'est étrangère. Et encore, je la connais beaucoups mieux par ces quelques escapades que j'y ai faites que ces journalistes ou politiques qui ne posent pas vraiment les bonnes questions.

Je ne peux m'empêcher de penser à l'éternelle révolte de la jeunesse. Là où les enfants des classes moyennes ou supèrieures, dans les rangs desquelles je ne suis qu'un, exprimaient leur jeunnesse et leur refus d'un monde mal fait dans les démonstrations de force lycéennes, contre ce Fillon qui massacrait objectivement les derniers fondements de l'éducation nationale égalitaire, certains fils des quartiers les plus pourris de France (parce qu'il faut l'avouer, béton, appartements minuscules, grisaille, loin des centres, sans compter la discrimination effective, c'est pas terrible, bien que ça n'en soit encore qu'une version light face à certaines communes nationales) l'hurlent différement. Là où nous défilions pour le service public, ils explosent contre la société. Sans qu'on ne sache guère ce que ce concept de société représente exactement à leurs yeux. Je ne dis pas qu'il n'y ai pas eu de banlieusards dans les manifs, ni qu'il n'y ai pas de banlieusards pour être dégoutté par ce formidable gâchis d'écoles maternelles, de centres de quartiers, de service minimum du ou de tentatives, peut-être trop frêles encore, de désenclavement. La jeunnesse s'exprime d'une façon ou d'une autre, elle brûle. C'était vrai pour le Chevalier de la Barre, pour Rimbaud, pour moi, pour celui qui lance des pierres sur les chars israéliens, pour celui qui fait cramer un camion de pompier, et ce sera vrai demain...

L'embêtant dans cette histoire, c'est qu'il n'y a pas de bons et de méchants. Il y a d'un côté le pyromane self-suffisant, populiste et ambitieux de Sarkozy, à la tête de sa troupe de frontistes (disons le clairement, entre Le Pen et Sarkozy, il ne subsiste plus qu'UNE différence, l'un déteste les Etats Unis, l'autre adore), et de l'autre les abrutis qui crament tout ce qui n'a aucun rapport avec la politique répresso-médiatique de notre hongrois national, voire ce qui poursuit même un but inverse. Celui qui brûle un commissariat ou un car de CRS, qu'on approuve ou non, commet un acte politique. Celui qui brûle n'importe quoi est un petit con, même si sa vie ressemble mille fois trop à 1.discrimination, forme pernicieuse de rascisme latent - 2.quartier antifavorisé - 3.chômage etc... De même, celui qui remplit des charters d'immigrés, qu'on cautionne ou non, fait de la politique. Celui qui dit n'importe quoi de ceux qui pensent n'avoir plus que leur honneur à défendre, pour récolter les voix de l'extrème droite, est un tout aussi sinistre con. Et obtient au passage son passeport pour entrer dans la grande famille de l'extrème.

Aujourd'hui, face à la dramatisation accellérée des journaleux (TF1 France 2 même combat, quand au Figaro !, au Monde ! Et taisons nous sur les unes démagos de Libé), la meilleure solution est d'aller voir ceux qui vivent en banlieues, condamnent cette violence aveugle ou bien emplie de haine, je suis trop mal placé pour le savoir, mais qui disent comprendre la révolte. Eux ou elles sont les seuls à être crédibles dans cette affaires beaucoup trop  "La France a peur tous les soirs à 20 heures" pour ne pas être médiatiquement délirée...

(Au passage, CNN a fait état de "quelques centaines de morts dans l'intifada française". Qu'il aille compter les leurs en Irak, on en reparle...)

 

Samuel

Publié dans La colère ordinaire

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